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Rubrique Art-icles


Giacomo Casanova (article du 30 août 2001), de Olivia Jaumard

Connaissez-vous ce personnage qui représente si bien le luxe italien du XVIIIème siècle ? Connaissez-vous cet homme intrépide, inventif, imprévisible et un peu magicien dont l'existence a fasciné les foules ? Ce libertin "ayant peu de religion et de conscience encore moins" avait dit Alfred de Musset. Plus qu'un homme, c'est un mythe engagé corps et âme dans son absolu d'aventure...

Giacomo Casanova est né à Venise le 2 avril 1725 de parents comédiens. Il sera vite livré à lui-même suite au décès de son père et à l'abandon de sa mère Zanetta. Il vivra donc chez sa grand-mère Marzia Farusi qui l'initiera à des rituels de sorcelleries dès 10 ans. En 1734, il part étudier à Padoue et entame une carrière ecclésiastique par souci d'élévation sociale. Le doctorat en poche, il revient à Venise en 1741 mais y restera peu de temps car il sera obligé de gagner Rome en 1743. Il a alors 18 ans et entre au service du cardinal Acquaviva. Il sera vite renvoyé pour avoir séduit la fille de celui-ci.

Avec la fin de sa carrière ecclésiastique commence une nouvelle vie mouvementée que Casanova définira en "trois actes" dans ses mémoires. Dès 1745, il s'engage comme soldat pour Corfou et Constantinople, puis revient à Venise et devient violoniste. A la suite d'une rencontre, pourtant, Casanova deviendra riche seigneur. A la suite d'un bal au palais Soranzo, fatigué, Casanova décide de quitter l'orchestre. Au même moment, le sénateur Bragadin s'apprête à rentrer mais est pris soudainement d'une crise d'apoplexie. Casanova l'assiste, le raccompagne et s'improvise médecin. Bragadin est troublé par ce jeune homme inventif et ne tarde pas à le considérer comme son fils adoptif. Il lui permettra ainsi d'accéder à une vie meilleure.

"Pendant des semaines, le carnaval jette les masques dans la rue, la règle quotidienne cède alors le pas à la transgression. Le libertin Casanova participe, déguisé en Pierrot, à un bal organisé dans le parloir d'un couvent, afin de rencontrer à la grille ses deux charmantes maîtresses et de les comparer l'une à l'autre". Car, dit-il, "à Venise pendant le carnaval, on permet cet innocent plaisir dans les couvents des religieuses. Le public dans le parloir et les sœurs se tiennent à l'intérieur, derrière leurs amples grilles, spectatrices de la fête. A la fin de ce jour, le bal fini, tout le monde sort et les pauvres recluses sont longtemps heureuses du plaisir des yeux."

Il séjourna ensuite dans plusieurs villes d'Italie et de France et sera confirmé Franc-Maçon à Lyon en 1753. De retour à Venise, il est arrêté le 24 juillet 1755 pour pratique magique, libertinage et athéisme.

Il est incarcéré aux Plombs réputés pour être une prison "d'où personne n'a jamais pu se sauver". Casanova décrit cet épisode de sa vie dans l'"Histoire de ma fuite des prisons de Venise". Le toit est fait de plombs et les entrées se limitent à la porte du palais Ducal et à celle du bâtiment dont l'unique accès est le pont des Soupirs. Ainsi, la prison paraît être sans issues pour ses prisonniers. Pourtant, Casanova forme très vite le projet de s'évader. Il tente une première fois de creuser un passage reliant aux salles inférieures. Mais le 25 août 1755, un gardien lui annonce qu'il est transféré dans une nouvelle cellule. Tous les plans de Casanova s'effondrent. Toutefois, dans la nuit du 31 octobre au 1 novembre 1756, Casanova réussit à s'évader par le toit de la prison. Il se trouve "sur la plus haute éminence du toit", traverse la Piazzetta, trouve une gondole et arrive à s'enfuir.

Vivant de jeu et d'imposture, séducteur inlassable, il erre de pays en pays. En 1760, il reçoit même du pape la croix de "l'éperon d'or" et se fait appeler "Chevalier de Seingalt".
En 1763, riche, brillant et prestigieux, Casanova connaît son premier échec amoureux. "C'est de ce jour, dit-il, que j'ai commencé à mourir."

Le deuxième acte se situe entre 1764 et 1783. Il poursuit ses aventures de Russie en Pologne où il côtoie de grands personnages (tels que Catherine II ou Voltaire). Puis l'Espagne et la France et enfin l'Italie où il est de nouveau contraint de fuir à la suite d'un scandale financier.

Le troisième acte se déroule au Château de Dux en Bohème où Casanova, vieillissant, rêve de devenir écrivain (il publiera l'isocameron en 1788). Malgré bien des mensonges et des exagérations dans ses mémoires, Casanova a laissé sur son temps - aussi appelé siècle des lumières - un magnifique témoignage de lucidité philosophique, de chasse au plaisir et peut-être tout simplement de liberté.



Note légaleAuteur S.LabreAudience
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