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Rubrique Art-icles


Florence et la Toscane - XIXème siècle (article du 15 septembre 2001),

C'est surtout au dix-neuvième siècle que l'activité des ébénistes toscans s'accroît. L'arrivée d'Elisa Baciocchi (grande-duchesse de Toscane) en 1809 transfigure la stylistique et, après une première phase néoclassique, certes charmante, mais somme toute assez commune, les meubles florentins revendiquent de manière plus originale leur appartenance à une région.

Cependant l'influence française perdure par l'entremise des Bonaparte. En effet, ceux-ci emploient des ébénistes locaux mais réclament une production dans le goût parisien, imitée de Jacob. Le Palais Pitti, remeublé par l'architecte Bienaimé de pièces dessinées par Percier et Fontaine, importées de Paris, sert de vecteur à la diffusion des courants français. Aussi le mobilier toscan conserve les lignes et l'ornementation de type "Empire".

Elisa Baciocchi joue la carte du mécénat en rénovant en 1805 le Palais de la Seigneurie à Lucques (siège actuel du gouvernement provincial) et en fondant une manufacture royale, destinée à satisfaire les besoins de l'aristocratie. On y construira des meubles pour le palais ducal de Lucques, mais aussi pour celui de Massa, pour la villa royale de Marlia et le palais Pitti. La direction de l'entreprise est confiée à l'ébéniste parisien Jean-Baptiste Gilles Youf 1762-1838. Sa production marquera l'avènement du style empire toscan, avec Pietro Massagli, Luigi Manetti et Giovanni Socci. Ce dernier, menuisier du grand duc de Toscane de 1807 à 1839 sera un moteur de cette émergence. Socci est surtout connu pour l'ameublement qu'il réalisa pour le palais Pitti, en particulier la salle "des tambours" et, en France, pour le bureau de voyage de Napoléon. Ce dernier entre dans la catégorie de ses écritoires convertibles, qui refermées ressemblaient à des commodes de forme ovale; mais à l'avant est dissimulé une chaise que l'on peut sortir, tandis que le dessus se divise et s'ouvre latéralement, et qu'une section abritant plumes et papiers s'élève au centre. Le Palais Pitti conserve deux exemplaires, tandis que le troisième donc, un cadeau de Napoléon à Elisa, est à la Malmaison. Le style grand-ducal toscan se reconnaît à sa légère ornementation de bronze (Socci collabora avec les bronziers Marchesini et Martini) et de bois sculpté et doré. De plus les Toscans (entre autres Messagli, Manetti, Ricci, Conti, Liverani et Ciacchi) travaillèrent de préférence des bois durs comme le cerisier et l'ébène.

Le Dix-Neuvième siècle est en outre marqué par la renaissance de la marqueterie. Celle-ci s'amorça grâce au talent de Spighi, dont la production est localisée à Florence dans les années 1780. On peut presque parler d'école dans ce cas : en effet ses élèves Pietro Mineti et Paolo Moscini diffusèrent des procédés certes déjà connus, mais améliorés par le maître, tels celui du "filet". Une marqueterie à dessins géométriques en bois monochrome (buis) caractérise ses réalisations. Ses rares essais de coloration en vert n'ont pas résisté à l'épreuve du temps, car sa teinture se révéla de mauvaise qualité. Peu doué pour les motifs figuratifs, il laissa celle-ci à ses confrères.



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